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Consommation et croissance

En période de morosité économique, on s’intéresse aux solutions pour relancer la croissance économique. Entre 1997 et 2001, on observe une corrélation positive entre variation de la consommation et croissance économique => approche par la relance de la demande favorisée par le gouvernement Jospin. La consommation est la part du revenu utilisée par les ménages pour l’acquisition de biens et services et qui ne donne pas lieu à une réutilisation. Elle résulte d’un choix microéconomique de répartition du revenu des ménages entre consommation finale et épargne (part du revenu qui pendant une période donnée n’est pas consacrée à la consommation).

Pour favoriser le facteur de croissance qu’est la consommation, la politique économique doit s’orienter autour de deux alternatives successives :

-favoriser l’investissement ou la consommation à travers le partage de la valeur ajoutée

-favoriser l’épargne ou la consommation dans l’utilisation du revenu des ménages

En quoi la consommation est-elle un facteur de croissance à privilégier par rapport à l’épargne et en quoi l’évolution de la production modifie-t-elle le niveau de la consommation ?

 

  1. La consommation comme facteur secondaire de la croissance

La consommation n’a pas été très étudiée au cours du XIX° siècle. La naissance du capitalisme et le développement industriel ont été marqués dans un premier temps par une exigence productiviste.

  1. L’analyse classique de la consommation

Selon A. Smith, la consommation n’est pas à prendre en compte. Seule l’accumulation de capital et la division du travail sont facteurs de croissance en même temps que de production. Ainsi, l’offre est l’unique acteur de la croissance. L’épargne est ainsi préférée à la consommation car elle est facteur d’investissement ; or c’est la demande de biens de production qui permet de produire plus. Ricardo confirme ce rôle de l’épargne.

Dans le modèle de Say, « les produits s’échangent contre des produits » : la croissance économique dépend de la capacité à produire.

De même, dans l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber expose la relation entre esprit ascétique, donc faculté à épargner et à accumuler du capital, et croissance économique. On observe une corrélation entre la confession religieuse et la réussite économique (épargne permettant au XIX° siècle la concentration et l’efficacité.)

  1. La préférence pour l’épargne et l’investissement chez les néoclassiques et néolibéraux

Selon l’analyse néoclassique, la consommation dépend des prix donc la demande en biens de consommation évolue en fonction des prix. Si ceux-ci baissent, le volume global de la consommation augmente. Or la baisse des prix est conditionnée par des gains de productivité dans l’entreprise, c’est-à-dire par l’investissement =>consommation facteur secondaire par rapport à l’investissement.

Favoriser le capital dans le partage de la valeur ajoutée a donc un effet de baisse sur les prix et de hausse sur l’investissement (donc influence favorablement la consommation). Théorème d’Helmut Schmidt : « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». L’épargne favorise l’investissement, principal facteur de croissance. (Il se répète le Pierre-Yves !)

Thèse du revenu permanent de Friedman.

Pourtant, l’histoire économique est marquée par les crises et les fluctuations de l’investissement. Celles-ci ne peuvent-elles pas être expliquées par l’insuffisance de la consommation ?

 

  1. Le rôle déterminant de la consommation sur la croissance
  2. La faiblesse de la consommation explique l’existence des crises

Malthus (classique pessimiste) s’oppose à Ricardo et estime que la production exige au préalable un « vouloir d’achat ». « Une demande faite par ceux qui ont les moyens et la volonté d’en donner le prix suffisent » => au temps de Malthus, favoriser les classes qui consomment, les classes stériles des propriétaires fonciers et aristocrates.

Pour Sismondi et Marx, l’insuffisance de la consommation explique les crises de surproduction. Cette insuffisance est une caractéristique du capitalisme ; mise en évidence d’une relation revenu / consommation / croissance.

Le débat sur la thématique économique entre épargne et consommation réapparaît durant les années 20 avec le débat Keynes – Pigou. Révolution keynésienne : concept de la demande effective, demande anticipée par les entreprises. La consommation est une composante de cette demande au même titre que l’investissement. Il y a un effet d’entraînement de l’un sur l’autre (multiplicateur et accélérateur d’investissement). Accélérateur : variation de la demande entraîne une variation plus que proportionnelle de l’investissement et donc de la production.

Keynes incorpore l’importance du niveau de la consommation dans la détermination du niveau de production. Ainsi, 65 % des entrepreneurs fixent l’emploi en fonction de la demande.

Cette relation entre consommation et croissance est illustrée de façon mécanique par l’équation d’équilibre national : PIB + M = C + I + G + X + DS

Quand C augmente, PIB augmente.

  1. Redistribution et État-Providence

Dans les années 30 est mise en place la politique du New Deal, tentative de relance de la croissance par la consommation. Hausse des traitements pour résorber la crise avec une certaine réussite.

Les années 50-60 voient le triomphe du compromis fordiste (production et consommation de masse).

Pour Keynes, l’effet du multiplicateur est limité par l’épargne (« fuite hors du circuit »). Il faut donc favoriser la consommation qui permet la variation la plus forte du revenu national. En ce sens la politique économique de redistribution doit favoriser les ménages dont la propension à consommer est la plus forte, c’est-à-dire les ménages les plus pauvres, les plus jeunes et les plus vieux (ceux qui désépargnent le plus) => Keynes encourage la redistribution par l’impôt, notamment les impôts progressifs.

On a cherché à évaluer l’impact de la consommation sur la croissance. Réciproquement, il faut s’intéresser aux effets de la croissance sur la répartition du revenu des ménages et de la valeur ajoutée des entreprises.

 

  1. L’influence de la croissance sur la consommation
  2. Théorie de la filière inversée de Galbraith

L’offre crée sa propre demande de par la publicité, le marketing, le crédit à la consommation et les taux d’intérêt bas (effet de levier et désincitation à l’épargne).

  1. Type de croissance et consommation
  • Croissance intensive (gains de productivité et innovation) : chez Schumpeter, l’innovation de produit, de marché ou d’énergie crée de nouveaux besoins et étend les marchés : la croissance est facteur d’élévation de la consommation.
  • Croissance extensive : hausse de la production sans nouveaux marchés, l’offre répond à une demande déjà présente sans innover jusqu’à saturation du marché. Dans les années 70, la demande de biens d’équipement et d’automobiles connue pendant les Trente Glorieuses est arrivée à saturation. La croissance extensive fait donc augmenter puis décroître la consommation (=> crise).
  • Croissance externe : on étend les marchés (Smith, Ricardo) et la consommation augmente (ex : au XIX°, la consommation de produits de luxe). Mais les revenus distribués par l’État-Providence peuvent être utilisés dans d’autres économies (=> baisse de la consommation intérieure). Les importations atténuent donc l’effet du multiplicateur keynésien.
  1. Redistribution de la croissance et consommation

Le partage de la valeur ajoutée peut favoriser la baisse des prix ou la hausse des salaires, ce qui permet une augmentation du salaire réel (ou pouvoir d’achat). Durant les Trente Glorieuses, la part du salaire dans la VA a augmenté, ce qui a permis le développement de la consommation de masse. Pourtant, dans les années 70, la part des salaires dans le PIB a augmenté alors que la consommation stagnait.

Consommation et croissance ont une relation de causalité évidente. La consommation est un facteur de croissance. Il dépend de deux choix, le partage de la VA et la répartition du revenu des ménages, activités qui dépendent respectivement des entreprises et des ménages, ce qui implique une nécessaire cohérence des politiques économiques. Favoriser la consommation pour relancer la croissance nécessite de jouer sur les deux choix. Ainsi dans un contexte difficile, on peut penser à une relance par la consommation au niveau européen comme le préconise Edmond Malinvaud.

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