Méthodologie de la dissertation en Français-Philosophie.
Thème La Démocratie (2020).
Sujet à étudier : Abraham Lincoln dit :
« La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ».
[Accroche] « Populace », « plèbe », « le commun des mortels »,
« racaille »…les expressions ne manquent pas pour qualifier – ou disqualifier – « le peuple » dans le débat socio-politique. Pour les anciens philosophes, le peuple n’a aucun mérite pour s’arroger l’honneur de décider et de guider. Il aura fallu attendre les grandes révolutions des temps modernes pour que les conceptions changent et évoluent en faveur du peuple. [Recopier la citation] Ainsi, Abraham Lincoln, figure emblématique de l’histoire de la démocratie américaine, définit ce régime dans une formule devenue une sorte d’adage : « La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ». [Analyser la citation] Il en ressort clairement que le peuple occupe un poste pivot dans la mesure où la multitude devient objet et acteur de l’action politique. Par sa force numérique, le peuple fixe la légitimé et la souveraineté tout en étant la cible. Mais ce facteur suffit-il pour ériger un régime égalitaire démocratique ? A l’encontre de l’idéalisme théorique de Lincoln, il serait possible de voir en le peuple une foule hétérogène incapable de gouverner, ou pire, une foule prête à être guidée et asservie à de viles passions. [Problématiser] Dans ce sens, le peuple, souverain, serait-il donc capable de répondre à l’idéal de la démocratie ? En d’autres termes, si la démocratie relève de l’idéal de tous les peuples, cette dernière force ne serait-elle pas la source de l’oppression et de la faillite des valeurs démocratiques ? [Mentionner les œuvres] Pour mettre la lumière sur ces aspects, cette étude portera sur De La Démocratie en Amérique, essai d’Alexis de Tocqueville, Complot contre L’Amérique, roman de Phillip Roth publié en 2004 ainsi que les deux comédies satiriques d’Aristophane Les Cavaliers et L’Assemblée des femmes. [Annoncer le plan] Il sera question, tout d’abord, de la place centrale du peuple, en tant que source et cible, dans la théorie du projet démocratique, avant de montrer ensuite les déviations auxquelles succombe cette démocratie basée sur le peuple, pour arriver à la fin de cette étude à la nécessité d’orienter les forces vives du peuple pour parer contre ses propres abus altérant l’idéal de la démocratie.
[Idée générale de l’axe 1]
Sans conteste et au diapason de son sens étymologique, la démocratie favorise le peuple sur la scène politique comme agent et acteur principal.
[Sous-Partie 1 : Lien logique, idée générale, argument de l’œuvre 1, 2, 3].
Ainsi, parce que c’est le peuple qui gouverne, la démocratie s’impose comme le règne absolu de la volonté et souveraineté du peuple. Ce dernier pèse en tant que personnage et référence centrale dans Les Cavaliers d’Aristophane : « Démos » est « un maitre » (p.51) au sens plein du terme, celui qui guide, tranche dans les débats entre le charcutier et le paphlagonien et surtout celui qui a « un splendide pouvoir » (p.135). Ce pouvoir ne semble pas être exercé par une entité personnifiée identifiée, il s’agit plutôt de la volonté de tous, comme il est le cas dans le modèle américain né à la suite de la libération des Etats-Unis du joug britannique. A ce propos, De Tocqueville précise que pour les américains, « le pouvoir social doit émaner directement du peuple » (p.90) car ce peuple possède un expédient lui assurant de participer directement dans la
« gouvernance » et la gestion de la chose publique : l’élection. Ce procédé concrétise sur la scène politique les principes de la démocratie formulés par Abraham Lincoln et encadre l’épisode cauchemardesque du mandat de Lindbergh dans le Complot contre l’Amérique. En effet, il faut voir dans cette présidence l’exercice et la réalisation de la volonté du peuple : élu démocratiquement et majoritairement, Lindbergh a siégé à la Maison Blanche jusqu’au scrutin prochain qui échoit à Roosevelt. Démocratique, Lindbergh l’est justement en étant élu par le peuple et déciderait pour le peuple.
[Sous-Partie 2 : Même structure].
Que le peuple soit souverain dans un régime implique un élargissement des règles de l’égalité. « Par le peuple pour le peuple » signifie donc l’abolition des privilèges discriminatoires et ouvre la voie à l’égalisation totale. Praxagora, dans L’Assemblée des femmes, édicte des lois de la redistribution des biens privés, loi digne des régimes communistes pour abolir toutes les différences entre les couches sociales car une démocratie se doit théoriquement, selon Tocqueville, d’ « administrer…sur un plan uniforme, toutes les affaires et tous les hommes » (p.93). L’Etat démocratique s’oriente vers cette uniformisation au niveau de la législation, au niveau des services mais aussi au niveau social. Ainsi dans le roman américain Complot Contre L’Amérique, le programme
« Les Gens parmi d’autres » vise une uniformisation dans le but d’éliminer toutes les différences culturelles et ethniques sous le mandat de Lindbergh, programme qui va séduire Sandy au grand daim de toute sa famille et sa communauté juive.
[Transition1 : Bref rappel de l’axe 1+lien logique+Brève annonce de l’axe 2].
En théorie, la démocratie érige le peuple en tant que force souveraine, certes, mais les débordements ne sont pas négligeables vu l’absence de limites au règne absolu du peuple.
Contrairement à Lincoln, il importe de montrer que l’autorité du peuple conduit aux pires despotismes. « Le gouvernement du peuple » s’avère un avatar de l’absolutisme que les deux comédies grecques campent sous toutes les formes burlesques.
« Démos » incarne le profil d’un souverain abruti, atrabilaire, capricieux mais qu’il faut toujours servir à tout prix. Au contraire, la joute qui oppose Le Charcutier au Paphlagonien révèle un « Démos » dupe et éveillé, trompeur et trompé. Bref, le peuple n’est pas mieux placé pour guider mais pour être guidé et manipulé. Aussi la démocratie favorisant le peuple vire-t-elle à un type de gouvernement inédit selon l’auteur de De La Démocratie en Amérique : le despotisme doux. Selon l’essayiste français, la douceur tient au statut tutélaire, paternaliste incarné par l’Etat qui gouverne un peuple bétail qui ne demande que plaisirs et divertissement. Cette masse hétérogène subit les pires escroqueries et succombe à toutes les séductions comme le montre le récit du jeune Phillip, personnage-narrateur du récit américain, quand le président aviateur Lindbergh qui vole, à l’instar des super-héros, d’un meeting à l’autre, d’un Etat à l’autre, pour séduire et « flagorner » ses auditeurs épris de ses discours sans le moindre bon sens.
Dupe, capricieux et dépourvu d’un sens critique, le peuple semble incapable à agir pour le bien commun dans une démocratie. L’égalisation progressive amenée par ce régime prépare les citoyens à l’individualisme plus qu’ à l’altruisme. De La Démocratie en Amérique constitue une alerte qui prévient les déviations de la démocratie : les citoyens libres et égaux délèguent toutes les taches à l’Etat, sombrent dans les plaisirs et se démènent pour leurs propres affaires privées qui fleurissent au grand mépris de l’esprit collectif et inclusif de la démocratie, ce qui se réalisera, quelques siècles après, quand la compagne électorale de Lindbergh l’exprime sans fioriture dans la bouche d’un partisan qui affirme que « Il ne glorifie pas l’Etat au détriment de l’individu, il encourage au contraire l’entreprise individuelle » (P.164). Cet individualisme menace l’aboutissement de toutes les lois justes et égalitaires dans une démocratie : le partage des biens et des plaisirs dans L’Assemblée des femmes révèle l’égoïsme des uns, la vénalité des autres et en général comme le confie Praxagora, dans la cité grecque qui aspire à la démocratie, « Chacun se soucie de son intérêt particulier et du gain « (P.175). Ainsi, au lieu de favoriser la volonté et intérêt général, la démocratie installe la dictature de l’individualisme.
En effet, la démocratie s’assimile par ses déviations à une nouvelle forme d’oppression face à laquelle le peuple doit réagir pour la contrecarrer.
Parce qu’elle demeure le règne du peuple, soumis ou manipulé soit-il, la démocratie a ceci de particulier qu’elle favorise l’opposition et la réaction du peuple contre ses dirigeants, contre soi-même. Gouverner « pour le peuple » justifie tous les coups hostiles au despotisme, aux décisions anti-populaires. « Le jeune homme » représente l’esprit libre et contre « la doxa » installée par le régime de Praxagora elle aussi légitimée par sa politique réformiste à l’encontre d’un désordre régnant. Pareil chez Roth, la politique de Lindbergh ne fait pas l’unanimité et ne semble jamais séduire des esprits révoltés et contestataires comme le père Hermann et le journaliste Winchell. Il importe de dire qu’au mépris d’un discours populiste, d’une politique d’assimilation à grande échelle, la démocratie laisse émerger quelques minorités ou classes qui tentent de corriger quelques défaillances ou débordements. Cette mission se trouve assignée chez Tocqueville à des pouvoirs intermédiaires, associations, la presse … (résidus des régimes aristocratiques) capables d’agir contre l’absolutisme de l’Etat souverain. Nés au sein de cette démocratie, ces corps sont mieux placés pour « guérir » les maux de ce régime de l’intérieur et tendre vers le bonheur de ce peuple-souverain.
Par conséquent, pas de démocratie en l’absence d’un idéal qui puisse satisfaire le peuple. Cet idéal constitue le point de convergence de toutes les volontés, aspirations et politiques sociales loin des désirs bas avilissants et asservissants. L’auteur de De La démocratie en Amérique ouvre une brèche pour la démocratisation dans l’avenir, idéal dont est capable aussi bien les individus que les peuples, en nous efforçant « d’atteindre l’espèce de grandeur et de bonheur qui nous est propre » (P.191). Si la gestion de la
« chose publique » se fixe cet objectif, il s’avèrera donc démocratique et œuvrera « pour le peuple ». Cet idéal implique, en conséquence, l’éveil et participation du peuple. Ainsi, les deux comédies aristophanesques sont traversées par plusieurs épisodes optimistes et révélateurs d’espoirs, tantôt la révolte du jeune dissident, les cavaliers incarnant les honnêtes gens, tantôt le coup d’Etat de Praxagora ou le désabusement de « Démos » des manigances des démagogues. Ces épisodes reflètent que le peuple cède parfois au despotisme mais reste toujours capable de faire volte-face pour mettre « le gouvernement du peuple » sur les bons rails. Il appartient alors à la démocratie d’ériger « la volonté populaire » comme la seule condition sine quoi non devant laquelle toutes les absurdités croulent, comme le montre symboliquement la passion du jeune Philip pour les timbres dans Le Complot Contre L’Amérique : ces timbres réitèrent la foi en l’esprit d’une histoire ancestrale indélébile qui s’impose comme repoussoir et totem pour conjurer « les mauvais jours » sporadiques qu’une démocratie pourrait endurer parfois.
[Conclusion]
En somme, ce qui constitue l’apanage et la force d’une démocratie serait parfois son malheur. Si ce régime tient sa raison d’être, ses modalités et sa vocation du règne absolu de la masse populaire, [Axe1] cette dernière force, difficile à endiguer et facile à manipuler, possède tous les moyens pour mettre en place une véritable oppression.[Axe 2] Le grief de la démocratie semble émaner de « l’autorité populaire » ou de « l’intérêt général », ceci peut légitimer les réactions hors la loi qui visent à corriger les exactions commises parfois au nom du peuple. [Axe 3]C’est dire que le projet démocratique ne tient pas uniquement au gouvernement du peuple, tel que le stipule Abraham Lincoln, mais à une action responsable et critique du peuple lui-même contre sa propre gestion des affaires. Aussi justifie-t-on l’incessant conflit et chaos dans certaines sociétés démocratiques plus qu’à l’apparent ordre et « calme » des régimes tyranniques. Contre le simulacre du bonheur et stagnation des uns, les autres se démènent pour atteindre une forme de bonheur idéal inaccessible « au commun des mortels ».
Astuces :
- Respectez ces étapes car une dissertation est d’abord un ensemble de formalités.
- Avant de passer à la rédaction au propre, rédigez et l’introduction et la
- Entamez chacun de vos paragraphes avec un lien
- Variez les renvois aux œuvres : nom d’écrivains, titres des œuvres, le genre, la nationalité…
- Devant l’impossibilité de citer à la lettre des phrases des œuvres, vous pouvez reformuler des idées, renvoyer à des chapitres, mentionner des personnages…
- Evitez d’omettre une œuvre systématiquement ou d’alourdir votre dissertation par des citations en dehors du programme pour couvrir ce pour une bonne gestion du temps, du souffle et pour éviter trop de fautes de langue, optez pour un style succinct, concis, des phrases simples avec les mots dont vous maitrisez l’usage et le dernier mot : pour disserter, exercez-vous régulièrement !
Par HAFID BAGDID CPGE MARRAKECH