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La fin du désir

Sujet de dissertation : Fin du désir !

Avant toute chose : Il faut expliquer tous les termes du sujet de façon à trouver une jonction, des points de rencontre qui justifient pourquoi tel sujet est posé.

Ainsi, le terme basique du désir joint en lui-même, dans sa définition, l’idée de « fin » prise dans toutes ses acceptions, sa polysémie : Le désir se définit comme une tension vers un objet, la volonté de satisfaire un plaisir, d’avoir ce qui manque….cet objet, ce plaisir ou la plénitude constituent alors la fin de ce désir, le mot fin pris ici dans le sens de l’aboutissement à un but, l’arrivée à la satisfaction. Mais ces objectifs tracent-ils « la fin » du désir au sens de limite ou terme ? En effet oui car l’objet visé une fois atteint souligne la dernière étape, l’ultime et terme d’un processus qui est le désir.

Récapitulons : Les deux sens majeurs du mot « fin » se convergent concernant le désir : On désire quelque chose (c’est donc un but), en y accédant, on est comblé : donc on arrive à la fin au sens de « terme », « limite », « mort «».

Remise en cause et réflexion critique :

Mais on désire toujours pour une fin ? (dans un but clair auparavant). Arrive-t-on toujours à satisfaire ses désirs ?(le but est-il atteint et dans la complétude totale ? Autrement, la fin du désir réalisé est-elle synonyme de fin, de limite au désir !

Récapitulons : Parfois ou souvent, on n’arrive pas à satisfaire nos désirs (donc le désir n’arrive pas à une certaine fin) ou nos désirs ne semblent pas avoir des objectifs précis à atteindre (désirs gratuits, superflus, sinon des fins inconscientes…). Généralement, nos désir s’enchainent et se suivent comme s’ils n’avaient pas un circuit fermé et bien tracé ! Aucun objectif ou limite dans l’horizon car le désir est réfractaire à toute limite !

On relève alors que le désir peut ne pas avoir de finalité, ni une limite précise contrairement au sens premier de l’expression donnée.

Vers le dépassement : On arrive là à une impasse : fin du désir/Pas de fin du désir. Le 3ème axe demande une certaine ingéniosité et originalité tout en étant fidèle à la cohérence du schéma argumentatif ((l’essentiel est d’aboutir à une solution sans « revenir aux axes vus précédemment). Voilà l’équation que je vous propose :

Axe 1 : Le désir a une fin (associer les deux sens de fin sans jamais les séparer).

Axe2 : Mais le désir n’a pas de fin

Axe3 : Parce que le désir cherche juste de continuer à désirer (la fin du désir est le désir même).

 

Plan détaillé

 

AXE1 : Le désir est un mouvement convergent vers une fin/des fins :

1 : Désirer des choses ou des objectifs : Pas désir sans un but précis. D’ailleurs la genèse/origine du désir le justifie : Socrate dans Le Banquet précise que celui qui désire vise le comblement d’un manque (voilà un but/une finalité), en cas de la satisfaction, il cherche à sauvegarder ce qu’il a obtenu.

2 : Le mécanisme du désir : il y a une fin du désir (dans les deux sens de but et de limite) dans le fonctionnement psychologique du désir : il nait d’un stimulus et tend vers une satisfaction : le plaisir étant le but ultime de désir qui contente, apaise et comble le sujet désirant.  La mécanique du désir, le schéma traditionnelle implique que le désir a fin car il s’apparente au besoin dans son fonctionnent naturel. L’éthique épicurienne est éclairante dans ce sens. Contrairement à la doctrine hédoniste reposant sur l’idée que le désir se caractérise par son caractère infini, Épicure dans la Lettre à Ménécée soutient l’idée que le sujet désirant peut limiter les débordements de son désira en ramenant ce dernier à une certaine limite, c’est a dire une frontière indépassable : C’est dont témoigne Gilbert Romeyer-Dherbey dans Encyclopédie de l’Agora. « Il faut comprendre que, si le souverain bien est plaisir, c’est par la croyance en la possibilité de dominer l’affect, c’est à dire d’enfermer le plaisir et la douleur dans des bornes étroites, faciles à circonscrire.»

3 : Fin du désir ? Possible de s’abstenir, de ne pas avoir un but à atteindre ni de vouloir entamer ce processus du désir car pour les moralistes et religieux, il ne faut pas avoir de désirs !donc « fin de désir » semble synonyme de mort consentie. C’est pourquoi « fin de désir » dans le sens d’absence de désir ou de finalité se ramène à l’ascétisme, au refus des « désirs » sans fins, c’est-à-dire, les désirs superflus qui n’ont pas de buts, dont il importe de se méfier. (Référence : Platon, la morale stoïcienne….Des morales d’ascétisme qui préconisent la fin du désir).

AXE2 : Mais, le désir n’a pas toujours de « fin ».

1 : Car, à la fin de chaque désir un autre/nouveau renait : il n’y a de « bout », « but » à atteindre mais il y a un cumul de désirs qui s’enchainent (l’idée de la spirale qui constitue le schéma/circuit naturel de la vie humaine comme déjà vu chez Schopenhauer, il faut revoir son texte et notamment le dernier paragraphe : « Entre la vie et la mort, entre désirer et satisfaire un désir s’écoule toute la vie humaine) : Références, Schopenhauer, le monde comme volonté et comme représentation : « le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. »

La satisfaction non seulement est courte, mais est très rapidement suivie par la renaissance du désir satisfait, c’est-à-dire par une souffrance nouvelle. Non seulement, donc, la jouissance se déroule dans un temps court, mais elle est en outre immédiatement relayée par la renaissance de la souffrance.

2 : Le désir ne semble pas fixer un objectif précis : Parfois on désire des choses sans avoir un but/terme fixe (être riche : quelle fortune précise ?), la quête de l’impossible/du pouvoir se limite-elle à quoi ? Ainsi, il est possible de dire que la nature du désir est de ne pas avoir de fin (il s’agit d’un constat à développer mais réservez la réponse ou l’alternative pour le 3ème axe, ne dites pas : absence fin car le désir est la fin du désir). Dom Juan, séducteur invétéré, refuse catégoriquement une fin classique pour toute conquête amoureuse, à savoir le mariage, et décide de voler « de victoire en victoire » et même d’aller au-delà des limites possibles car son désir est sans fin. Le désir n’a pas de fins (but et terme) : Il est par nature placé sous le signe de l’inconstance et de l’éternel recommencement.

3 : Désirs gratuits ou désirs sans fins ? En fait, parfois, on agit ou on fait des actes sans leur fixer des finalités comme si certaines actions ne devaient pas recevoir d’office des termes ou finalités : Il y a des activités « insignifiantes » (en surface) auxquelles ne sont précises ni motivations, les libertins considèrent même que plus certains désirs servent à quelque chose (ont une fin) qu’ils gagnent en laideur. Continuons alors à désirer sans fin !  A ceci, on pourrait associer la conception sociologique du désir chez Baudrillard dans Système des signes : D’un objet à l’autre, le flux des désirs semble interminable. Les objets désirables et désirée sont des projets de vie : Sitôt un projet réalisé, c’est-à-dire une fin comblé, un autre projet apparait.

Le sociologue montre comment la société de consommation exacerbe le mécanisme du désir fondé sur la logique cyclique de l’insatisfaction. En proposant sans cesse de nouveaux objets, elle ne fait qu’amplifier le phénomène.

« Cette compulsion de consommation n’est pas due à quelque fatalité psychologique (qui a bu boira, etc.) ni à une simple contrainte de prestige. Si la consommation semble irrépressible, c’est justement qu’elle est une pratique idéaliste totale qui n’a plus rien à voir (au-delà d’un certain seuil) avec la satisfaction de besoins ni avec le principe de réalité. »

AXE3 : Si le désir n’a pas de fin, c’est que le désir n’a pour but/limite que le désir même.

 

1 : Le désir du désir : On vit pour le désir même, sa fin n’est qu’un prétexte. C’est pourquoi il y a permanence du mouvement du désir loin de toute fin acquise ou atteinte. L’acte d’acheter, abstraction faite de la dimension insidieuse de la consommation chère à Bourdieu, le désir n’est pas toujours motivée par un objet qui manque, ou par la nécessité, ni même par l’attrait des objets convoités, il y a le pur délice de l’acte même d’acheter. Les consommateurs ont en horreur le vide (fin de désir) synonyme de privation ou de frustration. Pareil pour Dom Juan de Molière, l’acte de séduire en est un désir en soi).

2 : Désirer c’est désirer vivre loin de toute finalité matérielle ou limite existentielle : Vivre au sens plein du terme : la plénitude d’être soi et de se réaliser à travers ses désirs. Cette faculté de désirer constitue « l’essence » comme le confirme Spinoza. Le désir n’a pas de fin car il ne porte pas sur un objet dont la possession est suffisante pour que l’homme accède à la plénitude et à la satisfaction constante et immuable. Le désir ne peut pas avoir une seule fin, ni une fin car il est la nature profonde de l’homme. A ce titre, on peut se référer à Thomas Hobbes dans le Lévianthan : « […] nous devons considérer que la félicité en cette vie ne consiste pas dans le repos d’une âme satisfaite. En effet, il n’existe rien de tel que cette finis ultimus (fin dernière), ou ce summum bonum (bien suprême), comme on le dit dans les livres de la morale vieillie des philosophes. Nul ne peut vivre non plus si ses désirs touchent à leur fin, non plus que si ses sensations et son imagination s’arrêtent.

3 :  Parce que c’est vital, il ne faut pas cesser de désirer même si parfois on arrive à la « fin » présumée de certains désirs. Rousseau appelle à la générosité de l’imagination qui défraie toutes les limites pour que l’homme continue à désirer, sinon « malheur à qui n’a rien à désirer ». Si même notre univers se trouve limité, nos « fins » réalisées, désirons l’impossible. Le désir n’a pas de fin, ne peut avoir de fin car, il est associé à la faculté de l’imagination et à la sensibilité de l’homme. En tant qu’une « pratique idéaliste » comme l’a bien défini Baudrillard, le désir est une fin en soi-même dans le sens ou une existence sans désir est inconcevable.

 

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