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RECUEIL DE CITATIONS ÉPOQUE ANTIQUE : L’ANIMAL-HUMAIN

culture générale

« Si un boeuf frappe de sa corne un homme ou une femme et qu’ils en meurent, le boeuf sera lapidé et on ne mangera pas de sa chair mais le maître sera jugé innocent. »

La Bible, Exode 28

Commentaire :

Ce commandement reçu de Moïse indique que la juridiction touche aussi les animaux. Ils sont jugés comme étant auteurs de crimes commis sans intention. Cela correspond à une application de la loi du talion. Néanmoins, les animaux peuvent aussi être considérés comme des instruments de la colère divine, ou de la malice du démon. Cela entraîne alors des pratiques religieuses, soit les prières, soit l’excommunication ou l’exorcisme.

« Si quelqu’un a déjà pensé que l’étude des autres animaux est méprisable, il doit croire que l’étude qui porte sur lui l’est de la même manière, car ce n’est pas sans difficulté qu’il est de voir de quoi est composée l’espèce humaine. »

Aristote, Des parties des animaux, IVe siècle av. J.-C

Commentaire :

Aristote est un des premiers naturalistes de l’histoire. Il étudie les êtres vivants et la matière qui les compose. L’homme est à cet égard de même nature que les animaux, mais c’est un animal pensant, et son esprit est la partie rationnelle de son âme. Celle-ci donne une forme à son corps, auquel elle est liée. L’étude de l’homme représente le même degré de complexité que celle des animaux.

« Il est évident que l’homme est un animal politique, bien plus que n’importe quelle abeille ou n’importe quel animal grégaire. Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en vain. Et seul parmi les animaux l’homme est doué de parole. »

Aristote, Politique, IVe siècle av. J.-C

Commentaire :

L’expression célèbre “animal politique “s’écrit en grec zoon politikon, où l’animal désigne tout être vivant. Elle signifie que l’homme réalise sa finalité, c’est-à-dire son humanité dans un contexte social, celui de la cité (polis). L’homme a dans cette citation une place à part, puisqu’il se trouve déterminé naturellement à être politique à un degré supérieur aux autres animaux. Cette animalité humaine a un lien particulier avec le politique, dû à la présence de la parole, au sens où le terme de parole désigne le “logos”, c’est-à-dire l’utilisation rationnelle de la parole.

« Le fait d’imiter est inhérent à la nature humaine dès l’enfance ; et ce qui fait différer l’homme d’avec les autres animaux, c’est qu’il est le plus enclin à l’imitation : les premières connaissances qu’il acquiert, il les doit à l’imitation, et tout le monde goûte les imitations. »

Aristote, Poétique, IVe siècle av. J.-C

Commentaire :

L’imitation (ou mimésis) désigne la représentation fictive de la réalité. Elle est considérée ici comme positive, et marquant une autre spécificité du genre humain, par rapport au monde animal. En effet, l’imitation permet d’apprendre et de réaliser notre dimension d’homme.

« Mais les troupeaux de petit et de gros bétail croissent sans qu’aucun d’eux n’ait besoin ni de hochet, ni de l’adresse de mots caressants d’une bienfaisante nourrice.(…) Bien plus l’enfant, tel un marin rejeté par les eaux cruelles, gît nu ; incapable de parler, privé de tout secours vital. »

Lucrèce, De la nature des choses, Ie siècle av. J.-C

Commentaire :

Le poète latin Lucrèce retranscrit dans son poème philosophique la doctrine d’Epicure, le philosophe grec du IIIe siècle av. J.-C. Cet extrait montre que l’épicurisme combat la thèse de la supériorité traditionnelle de l’homme sur l’animal en comparant l’enfant qui naît et le petit d’un animal. Ce dernier se trouve bien mieux adapté à son milieu naturel et moins vulnérable que l’enfant.

« Tout change, rien ne meurt ; l’âme erre et va de là à d’ici, d’ici à là, quels que soient les corps qu’elle occupe ; elle passe des bêtes aux corps humains, et notre âme passe dans le corps des bêtes et à aucun moment ne périt. »

Ovide, Les Métamorphoses, XV, Ier siècle

Commentaire :

Ovide définit dans cet extrait le principe de la métamorphose, qui anime les êtres vivants et se trouve exposé dans son ouvrage. Il relie ainsi le monde animal et le monde humain à partir de la métempsycose, la migration de l’âme d’un corps dans un autre, et son éternité par rapport au corps.

« Sous le principat du divin Auguste, un dauphin aima d’une amitié incroyable un enfant d‘une famille pauvre. »

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 1er siècle

Commentaire :

Pline l’Ancien est le premier encyclopédiste de l’histoire, il a répertorié les connaissances naturelles de son temps. Dans cette citation, il témoigne d’une anecdote qui circulait alors et qui racontait le lien d’humanité qui peut établir entre l’enfant et le dauphin. Certains animaux sont considérés dès cette époque comme étant particulièrement proche de l’être humain, comme le dauphin ou l’éléphant ;

« De même, la tigresse aussi, redoutable même aux bêtes féroces, et qui méprise également les empreintes mêmes de l’éléphant, à la vue de celles d’un homme déplace aussitôt ses petits, dit-on. »

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 1er siècle

Commentaire :

À l’inverse, les rapports entre l’animal et l’homme peuvent être hostiles ou reposer sur la crainte. Cette citation adopte un point de vue original, en rappelant la terreur que peut représenter l’être humain pour les animaux, et même les plus dangereux pour l’homme.

« Nous ne sommes sensibles ni aux belles odeurs qui parent quelques-uns de ces animaux, ni à l’harmonie de leurs chants, ni à la simplicité et la frugalité de leur vie, ni à leur adresse et à leur intelligence ; […] nous les privons de la lumière des cieux, nous leur arrachons cette faible portion de vie que la nature leur avait destinée. Croyons-nous d’ailleurs que les cris qu’ils font entendre ne soient que des sons inarticulés et non pas des prières et de justes réclamations de leur part ? »

Plutarque, Sur l’usage des viandes, 2e siècle

Commentaire :

Philosophe et moraliste, Plutarque a été fortement influencé par Pythagore, chez qui l’on trouve les origines du végétarisme, si l’on en croit le poète Ovide dans les Métamorphoses. Le rejet de la violence pratiquée à l’égard des animaux dans le cadre de la chasse ou du banquet sacrificiel s’apparente à une nostalgie de l’âge d’or où l’homme et l’animal vivaient en harmonie.

« Si les hommes paraissent l’emporter sur les êtres sans raison parce qu’ils ont bâti des villes, possèdent un régime politique et des gouvernements, cela ne prouve rien : les fourmis et les abeilles en font autant. »

Origène, Contre Celse, IIème siècle

Commentaire :

Origène s’est opposé à Celse, qui dans son Discours véritable a fortement discrédité le Christianisme de son temps. Dans cet extrait, il critique la thèse traditionnelle de la supériorité de l’homme sur l’animal en évoquant la rationalité à l’oeuvre dans le fonctionnement instinctif de l’animal, capable, lui aussi, d’organisation collective.

« Si le dieu a créé les animaux pour l’usage des hommes, quel cas ferons-nous (…) des scorpions, des vipères ? Nous ne tirons en effet absolument aucun profit de ces animaux ; mais eux, en saisissant et en détruisant les homes qui tombent à leur portée en font leur pâture »

Porphyre de Tyr, De l’abstinence, IIIe siècle

Commentaire :

Porphyre est un philosophe néoplatonicien. L’interrogation qu’il formule ici suggère que l’homme peut à son tour être victime de l’animal. Le rapport traditionnel fondé sur la supériorité de l’homme peut donc s’inverser.

« Les animaux, agissent par un discernement, mais qui n’est pas libre. En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et libre, car ce discernement est l’expression d’un instinct naturel.(…) Il en va de même pour tout discernement chez les animaux. »

Thomas d’Aquin, Somme théologique, XIII siècle

Commentaire :

L’instinct fait agir l’animal, mais sans intervention de la raison, contrairement à l’homme. En agissant par jugement, l’homme manifeste sa liberté. L’exemple de la brebis peut être généralisé à l’ensemble des animaux.

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