Il est indéniable qu’une grande partie de la vie humaine est rythmée par une course vers les privilèges. La plupart des gens y voient un chemin court vers la paix, le bonheur ou le pouvoir. Or, pour certains penseurs, le véritable privilège se veut plutôt l’aboutissement d’une longue expérience d’endurance et de souffrance. En témoigne, le célèbre dramaturge Jean Anouilh qui n’a pas hésité à affirmer dans sa pièce de théâtre La Sauvage écrite en 1934 que « la souffrance, c’est un privilège qui n’est pas donné à tout le monde ». En fait, cette déclaration est des plus déroutantes. Elle est basée sur un paradoxe par lequel l’auteur renverse l’échelle morale : il fait de ce que chacun de nous fuit un « privilège ». Ce qui semble être un appel à la souffrance plutôt qu’à la joie. Le mot « privilège », suivit par la négation « n’est pas donné à tout le monde », déclare donc que l’expérience douloureuse est élitiste, partielle, et minoritaire. Mais, quelle est cette élite qui serait dotée d’une telle croix d’honneur ? S’il est évident que tout le monde souffre sur cette terre, pour Anouilh seule une élite a le privilège de souffrir véritablement. Il semble donc que seuls certains esprits tirent profit de leurs peines, tant que d’autres ne font que s’embourber davantage dans le mal et l’ignorance. Mais, cette conscience de souffrance qui n’est donnée qu’aux esprits sages et philosophes, peut être aussi donnée à tout le monde. N’est-il pas de la mission de ces grands esprits sages de transformer leurs souffrances en œuvres d’art en vue de transmettre à l’humanité entière des leçons sur la force de vivre ? Ce « privilège » dont parle Jean Anouilh n’est donc élitiste que d’apparence et cache toujours un plus grand humanisme qui est l’une des manifestations concrètes de la force de vivre, à savoir souffrir pour les autres. Nous allons voir donc comment ce privilège qu’est la souffrance passe de l’élitisme à l’humanisme à travers une transfiguration artistique des douleurs.
Pour ce faire, on verra d’abord que seuls certains esprits tirent profit de leur souffrance .Or, ce privilège passe de l’élitisme à l’humanisme via une transfiguration artistique de la douleur. Enfin, cette transmission philosophique de la force de vivre aux autres dévoile que le véritable privilège n’est pas la souffrance en elle-même mais l’esprit expérimenté lui-même.
Proposition de plan détaillé 
I- La souffrance est un privilège élitiste : seules certains esprits tirent profits de leurs douleurs
A-expérience de la douleur enfante les grandes idées (prise de conscience, questions, doutes)
Nietzsche : « Nous devons constamment enfanter nos pensées à partir de notre douleur » préface page 30
Hugo :« Je marcherai mes yeux fixés sur mes pensées/ Sans rien voir au dehors sans entendre aucun bruit » Demain dès l’aube.
Alexievitch : « J’ai cherché un homme bouleversé. Un homme qui aurait été confronté à cela, face à face, et se serait mis à réfléchir » page32
B- La connaissance du monde et de soi :
Nietzsche : « le secret pour retirer de l’existence la plus grande fécondité et la plus grande jouissance c’est : vivre dangereusement » Hommes préparatoires page 231
Hugo : « J’étais en porte-à-faux, je me suis redressé / La pensée est le droit sévère de la vie » livre V poème 3 page 116
Alexievitch : « La vie est une chose étonnante (…) Or, maintenant, j’ai envie d’écrire. Tout part, s’évanouit… nos sentiments changent » page 181.
II-Mais, la souffrance peut aussi être donnée à tous à travers une transfiguration artistique
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La victoire artistique sur la souffrance :