
Sujet de dissertation :
« L’Adolescence clémentine est une œuvre qui s’enfouit dans la fidélité de l’héritage de la Grande Rhétorique, tout en cultivant une veine plus discrète et conservatrice, dans le souvenir des chansons d’enfance afin de donner à une voix singulière la dimension collective d’un fonds populaire et archétypal, mais elle est aussi une œuvre qui émerge et s’individue dans l’altérité grâce à une mise à distance d’une jeunesse revisitée par l’art» .
Introduction
Dans Palimpsestes, la littérature au second degré, Gérard Genette développe la théorie de la trans-textualité, c’est-à-dire l’ensemble des relations qui peuvent exister entre deux ou plusieurs textes en affirmant que « Tout objet peut être transformé, toute façon peut être imitée, il n’est donc pas d’art qui échappe par nature à ces deux modes de dérivation qui, en littérature, définissent l’hyper-textualité, et qui, d’une manière plus générale, définissent toutes les pratiques d’art au second degré […] Les matériaux et les techniques susceptibles de transformation et d’imitation », ajoute-t-il, « ne sont pas les mêmes, les modes d’existence et de réception, les statuts ontologiques des œuvres présentent des différences parfois fondamentales […]. En effet, dans ce propos, Genette met en perspective l’idée que tout texte littéraire, certes, s’inspire d’un hypotexte, d’un texte antérieure. Toutefois, il n’en demeure pas moins vrai que toute écriture garde la marque de sa singularité. A cet égard, l’Adolescence clémentine de Clément Marot, publié en 1538, est une œuvre qui peut se lire dans la perspective d’une écriture en dialogue avec des « antécédents littéraires », des traditions scripturaires qui la précèdent : Le recueil rassemble l’œuvre poétique d’une adolescence, c’est-à-dire, selon le sens romain, de cette première période de la vie qui, de la fin de l’enfance, conduit jusque vers trente ans. Dans leur diversité de formes, de styles et de topoï – la politique, la religion et l’amour –, les poèmes de Marot, souvent dictés par les circonstances, ne rompent pas entièrement avec l’héritage de ses prédécesseurs, mais en même ils se défont des cérémonies d’un langage codé pour faire retentir une empreinte plus personnelle : une sensibilité et un style propres au poète de Cahors. Dans, Clément Marot, de l’Adolescence à l’Enfer, Frank LESTRINGANT corrobore ce constat en stipulant que « L’Adolescence clémentine est une œuvre qui s’enfouit dans la fidélité de l’héritage de la Grande Rhétorique, tout en cultivant une veine plus discrète et conservatrice, dans le souvenir des chansons d’enfance afin de donner à une voix singulière la dimension collective d’un fonds populaire et archétypal, mais elle est aussi une œuvre qui émerge et s’individue dans l’altérité grâce à une mise à distance d’une jeunesse revisitée par l’art ». Selon Lestringant, L’Adolescence clémentine est une œuvre composite enracinée dans un double héritage : Outre l’influence de la Grande rhétorique, le recueil se réfère à un fond populaire et exprime une certaine allégeance à l’égard de la tradition. Le propos de Frank Lestringant est en fait structuré sur le mode de l’antithèse. L’adversatif « mais » remet en question l’idée que le recueil relève d’une pure esthétique de la mimésis et de contre-factum dans le sens que l’Adolescence clémentine est aussi un recueil où l’auteur s’approprie, remanie des sources antérieurs, des hypotextes selon la terminologie de Genette, pour faire entendre sa propre voix/e. Le poème marotique se démarque par conséquent des sentiers battus et revêt une dimension singulière et individuelle. Ainsi, il est plausible de dire que l’œuvre de Marot rassemble un ensemble diversifié de palimpsestes qui se conjuguent et se complètent dans un esprit de remaniement et de transformation. Toutefois, cette « œuvre de jeunesse » «, s’individue dans l’altérité » : Cette affirmation révèle en effet un autre aspect du recueil. Ce dernier est aussi l’espace où se façonne, une individualité et d’où « émerge » une singularité. Une singularité qui se profile en passant par le truchement de l’autre, d’un autre texte. Force est de noter de surcroit, qu’il n’est pas dit dans le sujet que la jeunesse du poète « est revisitée » par la poésie mais par l’art. Cette précision n’est pas fortuite en ce sens que la poétique marotique révèle une esthétique de la variété : une variété accentuée par une diversité de formes poétiques, de registres et de tons. Mais, si dans cette œuvre poétique réflexive le « je » est au centre des poèmes, il y a toutefois, une double « mise à distance » à souligner : d’abord, un écart par rapport à soi-même, qui passe par des subterfuges, des masques et des figures empruntées à des textes anciens. Sur le plan esthétique ensuite, la mise à distance prend la forme d’une distanciation par rapport aux modèles imités, des modèles qui représentent un arrière-fond et un système de substrats indispensables dans la poétique marotique. Ainsi, se révèle le « double statut du « je » dans le recueil : Un « je » conservateur, imitateur mais en même temps il est « une instance poétique » qui se distancie par rapport aux modèles imités pour conférer à son texte une veine plus individuelle. Bref, on peut être élève admiratif et continuateur sans être servile imitateur. Dans ce sens, il importe d’interroger la dialectique de la continuité et de la discontinuité dans l’Adolescence clémentine pour répondre à la question suivante : La singularité de Marot ne vient-elle pas d’un remaniement subtile de topoï et de formes poétiques préexistants selon le modèle très riche de la filiation qui n’est ni une reproduction à l’identique ni une révolution radicale ?
La dissertation complètement rédigée sera disponible très bientôt.
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